Retrouvée par hasard, une valise, contenant des plans du D-Day, a permis de découvrir l’histoire oubliée d’un résistant normand

Focus aujoud’hui sur la vie d’un homme de l’ombre, inconnu au bataillon et qui fut pourtant l’un des héros de la résistance normande.

C’est l’une de ces petites anecdotes, en apparence anodines, qui contribuent à écrire l’histoire avec un grand H !

La découverte de documents rares et précieux sur le débarquement de Normandie a permis de faire la lumière sur l’histoire oubliée de Robert Générat, un résistant normand jusqu’alors inconnu, qui a pourtant joué un rôle important pendant la Seconde Guerre mondiale.

Tout est parti d’une banale trouvaille dans un grenier, à l’été 2017, dont se font l’écho nos confrères d’Actu.fr.

Une valise contenant les plans du débarquement de Normandie avait alors été retrouvée par hasard dans les combles d’une maison de Caen (Calvados).

Cela faisait des décennies que ces précieux feuillets – qui constituent une archive inestimable sur les préparatifs de la plus grande opération militaire de tous les temps – prenaient la poussière, sous les toits de cette bâtisse normande.

Robert Générat fut « le résistant le plus efficace de la Côte fleurie »

La découverte de cette valise mystérieuse éveille à l’époque la curiosité de Pascal Houblin, un antiquaire d’Arromanches – ville célèbre et indissociable du débarquement, en raison du port artificiel et éphémère qui y fut érigé pendant la Seconde Guerre mondiale – qui décide de la récupérer pour en analyser le contenu.

Bien lui en a pris puisqu’il va découvrir que l’objet appartenait jadis à Robert Thomas. Ce dernier n’est autre que l’ancien chef résistant en charge de la cartographie du réseau Centurie, un service de renseignement crée en 1940 et rallié à la France libre.

La valise contient des plans de fortifications allemandes sur le littoral de Saint-Malo et au Havre, mais aussi quelques plans originaux de Robert Générat.

Ce parfait inconnu du grand public est en réalité l’un des nombreux héros anonymes qui ont œuvré dans l’ombre durant l’Occupation.

Originaire des Sables d’Olonne, il fut ainsi un résistant de la première heure et l’un des 55 correspondants sur le terrain de Robert Thomas.

Profitant de sa profession de contrôleur PTT, chargé du téléphone et du télégraphe à Deauville, il aurait transmis au réseau résistant 132 plans et 221 rapports concernant notamment la construction du mur de l’Atlantique.

« Surdoué en téléphonie-télégraphie », il fabriqua « 6 postes radios pour les chefs résistants locaux » et, en bon radioamateur, « était en relation avec des correspondants français, anglais, belges, portugais, et algériens », raconte ainsi Ghislain Quétel, auteur de l’ouvrage « Résistance et Libération en pays d’Auge » (Cahier du temps), qui s’est pris de passion pour l’histoire de Robert Générat.

Parlant couramment l’anglais et comprenant aisément l’allemand, il écoutait les transmissions radios de l’armée allemande et notamment celles émanant d’une stratégique base de navire lance-torpilles, implantée au Havre.

Il a également sauvé la vie de trois aviateurs alliés en permettant à ces derniers de rallier la Suisse pour être en sécurité.

Autant d’actes de bravoure qui font dire à Ghislain Quétel que Robert Générat fut « le résistant le plus efficace de la Côte fleurie ».

Pourtant, il n’a jamais « été reconnu agent secret P2 par l’armée, ni combattant des FFI » et n’a, à ce titre, jamais « reçu les plus légitimes distinctions de l’État français pour ses actions civiques et patriotiques », regrette Ghislain Quétel.

Triste ironie de l’histoire, alors que son nom devait enfin sortir de l’anonymat le 4 mai, à l’occasion d’un hommage officiel pour la pose d’une plaque commémorative sur la façade de la poste de Deauville, la cérémonie a finalement été annulée – contexte sanitaire oblige – comme si Robert Générat devait demeurer, à jamais, un homme de l’ombre.

Source : Actu.fr