Le coronavirus s’étend géographiquement et sa propagation affecte de plus en plus les activités des entreprises. Au premier rang, figurent notamment les compagnies aériennes. Le virus COVID-19 pourrait coûter entre 63 et 113 milliards de dollars au total au secteur, selon un communiqué de l’Association internationale du transport aérien, publié le 5 mars. Les réservations à destination de l’Europe, en provenance des continents américains, asiatiques et africains, se sont effondrées de 79% lors de la dernière semaine de février en raison de l’épidémie, précise la société spécialisée Forwardkeys, qui analyse chaque jour plus de 17 millions de réservations dans le monde.

D’une manière générale, l’activité et les finances des transporteurs aériens sont mises à mal par l’épidémie de coronavirus. Une situation qui préoccupent les investisseurs. Les compagnies cotées en Bourse voient ainsi leur cours chuter, à l’image d’Air France-KLM, dont l’action plonge de 7% à 12h, jeudi 5 mars. Depuis le 19 février, le titre a perdu plus de 40% de sa valeur.

Les annonces se sont succédées depuis le début du mois de mars, le coronavirus pesant sur la demande des compagnies et les contraignant à réduire leurs capacités. Le 4 mars, en raison des inquiétudes suscitées par ce nouveau virus venu de Chine, Air France a indiqué qu’il permettait à ses clients de reporter ou d’annuler sans frais tous les voyages réservés avant le 31 mars et prévus entre le 3 mars et le 31 mai.

Air France propose l’annulation sans frais de son vol

« Si vous êtes en possession d’un billet Air France émis avant le 31 mars 2020 inclus pour un vol prévu entre le 3 mars et le 31 mai 2020, vous pouvez reporter votre voyage sans frais vers la même destination jusqu’au 31 mai 2020 inclus dans la même classe de réservation », précise Air France sur son site internet. « Vous pouvez également reporter votre voyage au-delà du 31 mai 2020, changer de destination, ou annuler votre voyage auprès de votre point de vente », poursuit la compagnie. Un avoir non remboursable vous sera alors remis, « valable un an sur les vols Air France », ainsi que sur ceux de son allié néerlandais KLM.

Air France espère ainsi que les réservations ne seront pas freinées par les craintes liées au coronavirus, dans le mesure où la compagnie garantit que les réservations peuvent être modifiées sans frais. Fin février, l’entreprise avait estimé entre 150 et 200 millions d’euros le manque à gagner dû à la suspension des vols vers la Chine de février à avril en raison de la propagation du virus. 

Pour le moment, la compagnie prévoit toutefois « de reprendre progressivement » ses opérations de et vers Shanghai et Pékin « à compter du 29 mars 2020 ». En revanche, la desserte de Wuhan, point de départ de l’épidémie, reste suspendue. Concernant l’Italie, où les cas de contamination se sont multipliés, Air France suit « en temps réel l’évolution de la situation ». Pour le moment, le transporteur français maintient la desserte de l’ensemble du pays.

Lufthansa immobilise 150 appareils

Le groupe Lufthansa a annoncé son intention d’immobiliser 150 de ses appareils en raison de la baisse de trafic aérien générée par l’épidémie. Le transporteur allemand va laisser au sol « 25 avions long-courriers » et « 125 avions court et moyen courriers », a précisé mercredi un porte-parole de l’entreprise à l’AFP. Lufthansa, qui détient aussi les compagnies Swiss, Austrian Airlines et Eurowing, possède plus de 750 appareils dans le monde.

La société a déjà arrêté de desservir plusieurs destinations comme la Chine et l’Iran, tandis qu’une partie de ses vols vers l’Italie ont été annulés.

Virgin Atlantic reporte des vols et le lancement d’une nouvelle ligne

La compagnie britannique Virgin Atlantic a de son côté annoncé de nouveaux reports de vols entre autres mesures pour traverser cette crise. Elle va aussi retarder le lancement de sa ligne Londres-Sao Paulo, prévue initialement en mars, à octobre. « Comme les autres compagnies aériennes dans le monde, Virgin Atlantic ressent l’impact du Covid-19 et observe une chute dans la demande de voyages », expliquait mercredi le transporteur dans un communiqué. Face à l’épidémie, Virgin, comme Lufthansa, compte également geler ses embauches ou proposer des congés sans solde à ses employés.

Ryanair réduit son programme de vols courts 

Le transporteur irlandais Ryanair a indiqué dans un communiqué qu’il allait réduire son programme de vols courts, principalement depuis et à destination de l’Italie, « jusqu’à 25% pour trois semaines, du 17 mars au 8 avril, en réponse à l’épidémie de Covid-19 ». La compagnie a constaté qu’un grand nombre de passagers ne s’étaient pas présentés à l’embarquement la semaine dernière, notamment pour les vols depuis et vers la péninsule italienne.

British Airways annule environ 200 vols

British Airways, filiale du britannique IAG, a pour sa part prévenu que pour « s’adapter à la baisse de la demande due au coronavirus », elle annulait environ 200 vols entre le 16 et le 28 mars, notamment 12 entre l’aéroport de Heathrow à Londres et celui de JFK à New York. En outre, la compagnie a annoncé l’annulation de 171 vols courts desservant l’Italie, la France, l’Autriche, la Belgique, l’Irlande et la Suisse depuis Heathrow.

United Airlines réduit ses coûts et gèle les embauches

Outre Atlantique, le transporteur américain United Airlines a précisé dans un mail envoyés aux employés qu’il annulerait 10% de ses vols intérieurs et 20% de ses vols internationaux dans les prochains mois, rapporte Business Insider US. Le directeur général de United, Oscar Munoz, et le président, Scott Kirby, ont également dévoilé une série de mesures de réduction des coûts, notamment des congés volontaires non payés pour les employés et un gel des embauches.

Norwegian Air Shuttle revient sur ses prévisions annuelles

Le coronavirus pèse sur les recettes des compagnies aériennes et a de lourdes conséquences sur les acteurs les plus fragiles. Norwegian Air Shuttle est par exemple revenu ce jeudi 5 mars sur ses prévisions pour l’année en cours, en raison du COVID-19 qui accentue les difficultés du transporteur à bas coûts. Le 13 février, l’entreprise annonçait pourtant tabler sur un retour dans le vert en 2020, après avoir enregistré une troisième année de pertes consécutive.

« Compte tenu de l’incertitude et de l’impact continu sur la demande globale de voyages en avion, Norwegian retire ses prévisions pour 2020 », a précisé la compagnie. « A ce stade, il est prématuré d’évaluer l’impact total (du coronavirus, ndlr) sur nos activités », a-t-elle ajouté dans un communiqué. 

La compagnie régionale Flybe voit sa faillite précipitée par l’épidémie

Plus grave, la compagnie aérienne régionale britannique Flybe a tout simplement annoncé jeudi la cessation de ses activités « avec effet immédiat ». Le coronavirus aura porté un coup fatal à l’entreprise à court de liquidités. Elle avait réussi à échapper au dépôt de bilan en janvier grâce à un coup de pouce fiscal du gouvernement britannique. Flybe a donc appelé les passagers qui avaient réservé des places à « ne pas se rendre à l’aéroport », se disant dans l’impossibilité de leur trouver un vol alternatif.

La compagnie emploie plus de 2 000 personnes et transportait environ 8 millions de passagers par an vers 170 destinations européennes.

Thomas Chenel