Acheter un billet d’avion comme on passe un ordre en bourse. Voilà l’idée de Mathieu Chauvin.

le créateur du site Option Way. Pour cet ancien financier,l’évolution du prix des billets d’avion ressemble étrangement à celui du cours d’une action avec ses pics et ses creux qui paraissent complètement aléatoires, comme le montre le graphique ci-dessous pour un Paris-New York.

graphique

Et ce que propose Option Way, c’est de tirer profit de ces fluctuations afin d’obtenir le meilleur prix. Comme en bourse, le but est évidemment de « rentrer » au moment où le cours atteint un plancher. La société a ainsi lancé un premier service en 2014 qui permet de poser une simple option d’achat. Concrètement, le client s’inscrit sur Option Way, choisit une destination, les dates, rentre les critères (avec ou sans escale, choix d’une classe, d’un horaire…) et donne un prix maximum à ne pas dépasser. Par exemple: un Paris-New York pour une personne le 15 mars prochain à moins de 800 euros. L’option est passée et Option Way, dont les algorithmes scrutent les prix en permanence, n’achètera le billet que lorsqu’il atteindra ce prix. Et si le tarif obtenu est encore moins cher, la société rendra 70% de la différence au client.

Le risque de ne pas avoir de billet

Mais il y a tout de même un risque évident avec ce système: que le billet n’atteignent jamais le prix plancher. Et donc que le client n’obtienne jamais son billet. « C’est pour ça que nous avons lancé il y a quelques semaines un nouveau service qui assure l’obtention d’un billet mais avec un délai d’optimisation », explique Mathieu Chauvin. Avec cette option, le client achète le billet et s’il s’avère que le prix baisse dans les jours qui suivent, Option Way rembourse la différence.

Comment fait-elle? Il faut savoir que les compagnies aériennes proposent déjà cet avantage aux agences de voyages. Et Option Way en est une justement. « Quand nous achetons un billet, la compagnie nous octroie ce délai d’optimisation qui varie en général de quelques heures à trois jours maximum, explique le patron du site. Si durant ce délai le prix a baissé, elle nous rembourse l’écart de prix et nous le rendons au client. »

Plus de 3.000 euros gagnés sur un Toulouse-New York

Une option qui est surtout intéressante pour les achats tardifs car c’est dans les derniers jours précédant le vol que les prix fluctuent le plus. « Dans les dernières heures, il peut y avoir plusieurs changements par jour sur des lignes où la concurrence est très forte », précise Mathieu Chauvin.

Lancé en 2014, Option Way compte déjà 20.000 membres et a acheté 800 billets. La société assure avoir permis à ses voyageurs, grâce à sa première option, d’économiser 35.000 euros au total, soit 44 euros en moyenne par billet. Mais l’économie peut être bien plus importante. « Nous avons obtenu un rabais de plus de 3.000 euros sur un Toulouse-New York pour une famille de 5 personnes, assure Mathieu Chauvin. Ils n’ont payé que 2.850 euros au lieu de 6.200 euros. » Un joli coup de bourse.

Le très mystérieux yield management

Le système de gestion des prix des compagnies aériennes s’appelle le yield management. Il a été créé à la fin des années 50 par les compagnies américaines mais il ne s’agissait au départ que de surbooking. C’est dans les années 80, à la suite de la dérégulation du secteur aux États-Unis, que Delta inventa le yield management tel qu’on le connaît aujourd’hui. « Le but pour une compagnie c’est de remplir l’avion au prix le plus élevé possible », explique Mathieu Chauvin. Deux objectifs a priori contradictoires. D’où les fluctuations de prix. Pour établir les prix, les compagnies utilisent des grilles de remplissage. Par exemple si le taux est à 40% à 90 jours du départ, le rythme est bon et les prix vont monter. S’il n’est qu’à 20%, les prix vont baisser. Ce sont en général des algorithmes qui sont à la manœuvre mais pas seulement. « Il y a des humains qui gèrent les outils et qui peuvent ajuster les prix en fonction de variables exogènes », explique Mathieu Chauvin. Si un gros événement est prévu à New York, les prix risquent d’augmenter en prévision. A contrario un trouble politique va faire chuter les prix. Les yield managers sont souvent collés à l’actualité.